Origine et but


« Students21 » est une initiative de la coalition des organisations non gouvernementales – CSAJ, Equiterre, Greenpeace, Pro Natura, UNES, WWF – crée en octobre 2002 à Bern. Elle veut soutenir et motiver activement les étudiant(e)s au sein des Haute Ecoles et Universités Suisse de toutes disciplines confondues, à intégrer, par un mouvement « bottom up », les notions du développement durable dans toutes les formations spécialisées en terme de dialogue, de projet d’étude, d’événement, de formation, de recherche et d’organisation du cycle d’étude. L’initiative fait principalement référence à la décennie de l’éducation en vue d’un développement durable (2005-2014), ratifiée par la Suisse. (www.wwf.ch/bildungskoalition)

Chaque année le nombre de personnes qui étudient dans les Hautes écoles et Universités Suisse augmente. Il y a actuellement 172'142 étudiant(e)s, soit presque trois fois plus qu’en 1980 où le nombre s’élevait à seulement 61'373. (source: office fédérale de la statistique) La responsabilité des écoles face à notre situation globale, nécessite la participation active de la part des étudiant(e)s pour lancer et guider le changement. Nous n’avons pas le temps d’attendre le jour où le dernier professeur et administrateur aura changé son programme de formation ! Car il s’agit avant tout de « notre » formation et de notre futur !

Le constat scientifique, que notre développement actuel met en danger les bases nécessaires à la survie de l’homme sur terre, à fait du développement durable le défit majeur de notre génération. Désormais familiarisée à travers les mass médias, sa signification ne trouve pas toujours une interprétation commune parmi les acteurs.

Le futur rôle professionnel et social de chacun dépendra de la capacité d’inscrire, adapter et appliquer ses compétences de façon pertinente dans le cadre du développement durable.

Notre contexte de travail se prépare à des changements importants et sans précédents. L’automatisation de la production, le changement rapide des méthodes de travail et d’outil rend notre savoir de plus en plus rapidement obsolète. La complexité va nous forcer de sortir de nos discipline pour trouver des nouvelles forme de travail interdisciplinaire.

Apprendre est à la fois un processus personnel et social, mais nécessite dans les deux cas l’action pour la validation. L’aviateur et écrivain Saint-Exupéry disait; « la terre nous apprend plus sur nous-même, que tout les livres du monde, car elle s’oppose à nous. L’homme se découvre, s’il se mesure à des résistances. »
Nos peurs et désirs personnels les plus profonds, forment actuellement les bases constructives de notre société. Notre idée de confort occidental combiné avec nos innovations technologique, a créé une société démesurée et incompatible avec notre écosystème terre. Dirigé par la loi du moindre effort, nous avons développé une attitude de contourner les problèmes en nous isolant progressivement de notre conditionnement naturel imprévisible. A la métaphore d’un petit enfant dans sa chambre qui ignore encore le monde inconnu qui l’entoure, notre civilisation a ignoré jusqu’alors son véritable conditionnement. Aujourd’hui elle découvre avec stupeur la fragilité et incroyable complexité de la planète terre.

L’urbaniste et théoricien Paul Virilio, dénonce l’absence de distance critique et d’interprétation qui pourrait mener une machine en surchauffe a l’accident intégral. Nous devons impérativement analyser ce que nous risquons de perdre en appliquant une technologie ou une autre, sous un angle économique, social et environnemental. Surtout au moment où les technologies s’appliquent à une échelle mondiale et à un niveau où on commence à travailler avec des bio- et nanotechnologies.»

Nous avons le savoir et les technologies pour créer de la stabilité et de la prospérité pour tout le monde sur terre. Pour utiliser nos moyens à un tel objectif, il est nécessaire que nous comprenons d'abord pourquoi notre société est devenu tellement un-sustainable et comment elle a négligé son avenir.

Utilisez les institutions académiques avec leurs infrastructures et compétences, pour vous préparer à cet autre monde ! Confrontez vos idées à un appareil éducatif révolu pour vous forger des meilleurs arguments mais aussi pour faire évoluer nos institutions académiques! Opposez- vous à la facilité et osez affronter les réels problèmes qui nous attendent au plus vite.





 


Les trois grands défis du développement durable:

1) Les métriques de la prospérité
Le développement durable autant que concept qui demande la valorisation des trois capitaux (social, environnemental et économique) s’oppose à notre concept unilatéral, qui valorise seulement le capital économique tout en exploitant les deux autres. Nous mesurons actuellement notre prospérité à travers la croissance économique et la force d’achat de la population. Ce qui crée le paradoxe, que par exemple la destruction d’une forêt entière ou l’exploitation des enfants dans les pays du sud « améliore » ainsi notre prospérité!

Le développement durable a besoin de nouvelles métriques pour pouvoir mesurer le véritable plus value d’une activité humaine en terme social, environnemental et économique.

2) L’approche systémique – un problème d’échelle
Le développement durable est un concept systémique prenant compte de notre ecosystème planétaire. Pour nous autant que « petit » individu « spécialisé », une telle approche pose en générale problème. Beaucoup d’entre nous sont convaincus, qu’une telle approche est utopique et impossible à concevoir économiquement ! Notre approche isolée de tout contexte systémique a fait de nous des chasseurs de symptômes aveuglés sur les réels problèmes.

Il nous faut prendre du recul de nos compétences spécialisées pour mieux reconnaître notre rôle en tant qu’acteur dans un système plus large. Une vision systémique n’est pas une utopie, mais une base nécessaire pour les échanges interdisciplinaires et les innovations du futur. La difficulté est de trouver la juste échelle d’intervention systémique à travers les critères social, environnemental et économique. Nous devons apprendre à poser les bonnes questions face à un problème et reconnaître nos responsabilités dans un système dont nous faisons part.

Notre culture concurrentielle et carriériste, nous empêche souvent d’ouvrir notre lieux de travail à des collaborations interdisciplinaires et innovatrices. Sans une culture d’interdisciplinarité le développement durable ne pourrait pas fonctionner. Partager les bénéfices et les intérêts signifie également de partager les risques et les investissements, qui a comme conséquence le renforcement des systèmes économiques et sociaux.

3) Transition – problème de compétence et de créativité
Nous sommes sur le seuil de transiter vers une société post-pétrole. Après deux siècles de développement effréné, nous affrontons nos limites planétaires et humaines. Nous sommes plongés dans une incertitude profonde qui s’exprime souvent dans une décadence désespérée ou un fondamentalisme insensé. Mais il y a aussi ceux qui développent des alternatives et des compétences nouvelles.

Comme dans tous les grands changements, la difficulté consiste à convaincre les preneurs de décisions, avec des idées souvent radicalement différentes de celles qu’on a l’habitude de voir. Selon Einstein, un problème ne peut pas être résolu à l’intérieur de l’état d’esprit qui l’a créé. La génération de transition a besoin de personnes capables d’agir dans le monde du présent tout en ayant la tête ancrée dans l’avenir. De la créativité et du courage encadrés par un esprit visionnaire et critique, forment des conditions favorables à l’innovation dans une infrastructure existante. Les établissements de formation ont un rôle crucial à jouer dans ce processus.